Les 100 photos du siècle: « Brûlés au napalm »

De 1997 à 1999, j’ai réalisé « Les 100 photos du siècle« , une série de 100 modules de 6’30 diffusée sur ARTE , puis sur une cinquantaine de télévisions internationales. Je travaillais alors à l’agence CAPA, où je dirigeais une équipe d’une dizaine de personnes, sans lesquelles cette série n’aurait pu voir le jour.  « Les 100 photos du siècle » c’est aussi un livre publié par les Éditions du Chêne et traduit en sept langues.

Voici ce que j’ai écrit dans la préface du livre:

« Tout commence (toujours) par une rencontre. Réelle ou imaginaire. C’était en 1989, lors d’un reportage à Cuba. Un ami me raconte que Kim Phuc, la petite fille qui court sur une route vietnamienne, la peau dévorée par un jet de napalm, étudie à La Havane. Émotion. Qui n’a pas frémi devant cette image bouleversante qui reste à jamais l’un des plus puissants symboles de la guerre du Vietnam ? L’envie de rencontrer Kim Phuc est à l’origine des Cent photos du siècle. L’idée: raconter l’histoire du XXème siècle  à travers celle des grandes photos qui l’ont incarnée, en retrouvant, aux quatre coins du monde, leurs personnages et auteurs, ou leurs descendants. Un formidable voyage dans l’espace et le temps, sur les traces de la mémoire, intime ou collective.
 La sélection des photos repose sur cinq critères: la notoriété internationale du document; son caractère emblématique au regard de l’Histoire; son importance pour l’histoire du photojournalisme ou, parfois, de la photographie en général; l’opportunité de rencontrer ses héros, bien souvent anonymes, et ses auteurs, ou leurs proches; enfin, l’existence d’une « anecdote » qui a présidé à la naissance de l’ icône. Au-delà de cette grille objective, reste une part de subjectivité revendiquée: certaines photos ont été sélectionnées sur simples coups de coeur ou hauts le coeur, ou parce qu’elles me semblaient représenter une pièce signifiante dans ce vaste puzzle que dessine le processus de fabrication de la mémoire illustrée du siècle. D’aucuns invoqueront des oublis ou des choix surprenants. s’il fallait les justifier, je dirais qu’ils ont été tissés par un seul et même fil d’Ariane: la volonté de rendre hommage aux hommes et aux femmes qui, parfois au péril de leur vie, ont capté une une parcelle de notre Histoire, un appareil photo à la main. En ces temps de remise en cause du métier de photojournaliste, c’était un vrai parti pris ».
Voici donc l’histoire de Kim Phuc, photographiée par Nick Ut, que j’ai rencontrés respectivement à Toronto et Los Angeles.